Jean Fernandez quitte Auxerre: « Un nouveau cycle débute à l'AJA » Après cinq saisons à l'AJA et quelques jours de réflexion intense, Jean Fernandez annonce son départ. Sans avoir encore choisi son nouveau club.En fin de contrat à Auxerre, Jean Fernandez (56 ans) a choisi de repousser l'offre de prolongation de Gérard Bourgoin. Il explique ses raisons.
Jean, vous avez fait votre choix ? Oui, j'ai pris ma décision mercredi soir. J'ai décidé de partir et de tourner la page AJA. Ce choix a été difficile, j'ai beaucoup hésité, j'ai mal dormi, parce qu'on n'efface pas cinq ans de sa vie comme ça. Ma réflexion s'est faite en deux étapes : 1. Décider de rester ou de partir. Ça a été un dilemme, mais j'ai choisi de partir ; 2. signer où ? Je n'ai pas décidé, je me donne encore deux ou trois jours de réflexion.
On parle beaucoup de vous, à Nancy, à Lyon ou Valenciennes, voire Sochaux ? J'ai rencontré plusieurs présidents, j'en ai eu au téléphone. Ce qui m'importe, c'est le projet sportif. Je prends quelques jours pour réfléchir. Mais ce sera un club français de Ligue 1, je reviendrai à Auxerre sur le banc visiteur.
Gérard Bourgoin était confiant pour vous garder. Il vous a présenté un projet sportif non satisfaisant ? Non, Gérard Bourgoin est quelqu'un d'ambitieux, qui veut réussir et qui se donnera les moyens de réussir. Son projet sportif est ambitieux. Le déclic, pour moi, ça a été : il y a un nouveau président, il faut un nouvel entraîneur pour donner un nouvel élan au club. L'AJA va repartir sur un nouveau cycle, sans Pedretti, sans Jelen, sans Fernandez (NDLR : tous les trois étaient arrivés au club ensemble, en 2006), mais je ne m'en fais pas. L'équipe est solide, des jeunes arrivent, des cadres vont rester. Il faut juste remplacer Pedretti, Jelen et Birsa. Un vent de fraîcheur arrive du centre de formation avec Boly, Sidibé, Segbefia, Sanogo Il y a une bonne base pour entamer un nouveau cycle. Je ne voulais pas faire la saison de trop.
Si le club était descendu en L2, votre décision aurait été la même ?J'avais la fierté de dire que l'AJA ne descendrait pas sous l'ère Fernandez, et je n'ai jamais pensé descendre, même cette saison. Mais si le club était tombé en L2, mon orgueil aurait été touché et je serai resté pour faire remonter l'AJA en Ligue 1.
La « guerre des chefs » a-t-elle pesé dans votre décision ? Je tiens à dire que je ne marche ni pour M.Bourgoin ni pour M.Dujon. Ma démarche, c'est l'intérêt de l'AJA, je roule pour l'AJA. Alors, cette bataille pour la présidence n'a pas été un élément déterminant dans ma décision finale, mais j'ai accusé le coup. Des gens ont oublié que le plus important, c'est le terrain. J'ai été atteint sur le plan affectif de voir des gens des deux clans, des gens que je connais et que j'apprécie, se déchirer comme ils l'ont fait. Ça a été compliqué à vivre et à gérer, le moment était mal choisi avec le risque de descente. Ce conflit a terni l'image de l'AJA, ça n'a jamais été ça, l'AJA. Les joueurs ont un grand mérite d'avoir gardé le cap et assuré le maintien.
Y a t-il un moment que vous retiendrez plus spécialement ? Il y a eu beaucoup de moments forts. Mais le plus fort, c'est le match contre le Zénith Saint-Pétersbourg. Il y avait une osmose incroyable, le stade était en folie. Ce soir-là, j'ai ressenti une émotion extraordinaire et de la fierté. Personne ne pouvait imaginer qu'Auxerre, compte tenu de ses moyens, allait faire venir Milan, le Real Madrid, l'Ajax. J'ai eu la fierté de le faire dans une saison finalement positive : Ligue des champions, demi-finale de la Coupe de la Ligue et 9e place en L1.
Stéphane Badourd et Sébastien Devaur
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